Anne-Claude Berthoud & Laurent Gajo
The Multilingual Challenge for the Construction and Transmission of Scientific Knowledge
John Benjamins Publishing Company, 2020.
Ce volume de 150 pages est le cinquième de la série Multilingualism and Diversity Management coordonnée par Anne-Claude Berthoud, François Grin et Georges Lüdi et issue du vaste projet européen de recherche DYLAN (Language Dynamics and Management of Diversity)
C’est avant tout à l’apport de la diversité linguistique dans l’enseignement supérieur comme lieu de construction et de transmission des connaissances que le volume est consacré. Mais les analyses et les outils conceptuels heuristiques qu’il mobilise sont de plus large portée.
En neuf chapitres, dont les deux derniers présentent des propositions à visée plus institutionnelle, il permet, pour partie au moins, de revenir, en anglais, sur des travaux que les deux auteurs ont publié en français selon des modalités plus éclatées. Étant donné la relative diversité de ces sources, il est clair qu’une des ambitions de l’ouvrage est de rassembler et de repenser en un volume synthétique et intégrateur nombre d’analyses, de propositions et d’argumentations auparavant dispersées et partielles. En cela, on a affaire à une sorte d’aboutissement qui permet de réunir des acquis du projet DYLAN, pour ce qui est du moins d’une approche à dominante linguistico-discursive de la construction et de la transmission des connaissances en contexte universitaire. Le tout dans la perspective d’une mise en évidence et d’une valorisation des apports de la pluralité linguistique à ces processus.
L’entreprise – réussie – est d’autant plus légitime qu’elle permet d’adresser à un public anglophone un cadrage théorique et des illustrations commentées d’extraits de corpus empruntés à diverses disciplines universitaires. La clarté d’exposition et la solidité de conceptualisation qui, de longue date, caractérisent les deux auteurs garantissent la cohérence d’ensemble de l’ouvrage, d’autant plus que s’ajoute à des orientations partagées, une pratique du travail en commun qui les a réunis à diverses reprises. Reste que – heureusement – les centres d’intérêt et les modélisations respectives ne se confondent pas. C’est d’ailleurs un plaisir de lecture supplémentaire d’identifier sous l’anonymat apparent des chapitres l’auteur majeur ou l’autrice principale.
Dans cet ensemble, le chapitre 6 se distingue des autres en ce qu’il réunit de brèves contributions de spécialistes de différentes disciplines universitaires témoignant du rapport de leur domaine à la pluralité linguistique. Il constitue une sorte d’intermède à voix multiples qui nourrit le dossier instruit contre le recours monolingue, dans de nombreux secteurs scientifiques, à la lingua franca que l’on sait. Lecture très agréable et éclairante à bien des égards.
Ce cinquième volume d’une série de référence déjà prestigieuse témoigne lui aussi de la fécondité du projet européen qui s’en est trouvé à la source. Projet qui, loin d’être uniformisant, a permis de mettre en évidence, dans différents contextes (économiques, universitaires, etc.), des enjeux, des pratiques et des apports tenant à la pluralité des langues, et ce dans le respect des cadres et modes d’analyse propres à différents groupes de recherche et différentes cultures scientifiques.
Daniel Coste